Margaux Lefevre

Ma démarche a débuté en contemplant les tableaux réalisés par le peintre danois Vilhem Hammershoi. Proche de la démarche d’un écrivain, il construit ses images à partir de l’observation du réel, qu’il décale vers une traduction onirique des espaces. Chaque tableau confère dès lors une sensation de flottement, entre deux mondes.

Le temps s’arrête et ouvre des espaces où chacun peut se perdre, ressentir que l’imagination augmente les valeurs du réel, que la poésie est une âme inaugurant une forme. Dans chacune de ces peintures, sont représentés des espaces, des objets et parfois une personne, en l’occurrence une femme, sa femme, statique, immobile.

Dans ces tableaux il n’existe aucune interaction entre les objets et la personne présente, c’est comme si le temps était figé. Cela a évoqué une certaine mélancolie en moi, semblable à celle ressentie après des mois de confinement. Cet « enfermement » nous oblige à nous confronter, sinon à nous-même, aux biens présents dans nos intérieurs.

Avec de projet, je veux créer des relations entre l’individu, l’objet et l’espace. La lampe, objet quotidien par excellence, placé dans chacune des pièces de nos maisons, fut mon premier objet d’étude.
C’est à nouveaux au sein de tableaux, mais également de scènes cinématographiques que j’ai puisé mon inspiration.

J’ai souhaité ajouter à ce travail de lumière et de couleur, la notion de spatialité. J’ai ainsi peint un espace à l’ambiance plutôt neutre. Le but de cette première peinture d’espace était de servir de base à un travail de couleur, de lumière et d’atmosphère dans ce même espace.

Les multiples transformations de ce dessin par la peinture, créent déjà de nombreuses émotions, toutes différentes.

C’est en passant à une plus grande échelle et en m’inspirant de photographies d’espaces habités que s’est poursuivi ce projet de peinture d’atmosphères. La peinture me permet de figer l’instant, de capturer le temps, ce qui en fait un réel outil dans ce projet.

En dessinant des espaces peints presque en marge du réel, je souhaite constituer une promenade onirique dans des espaces de vie quotidiens, tel un cheminement de contemplation. J’invite ainsi celui qui regarde à interroger ses propres perceptions et ses émotions face à ces dessins suscitant des sensations guidées.

Ce voyage, cette rêverie peut-être, explore de fait, les capacités conjointes de la peinture et de l’architecture intérieure à révéler des espaces existants, sensibles et humains. On crée ainsi un système de représentation des lieux familiers qui ne pourraient exister sans le travail de la couleur.

Au sein de ce projet d’atmosphères, je propose de partir de lieux connus et de l’interprétation que j’en fais, pour proposer des projets d’espaces traités par le médium de la peinture. Ces scénographies mises en œuvre sont comme des rêves d’espaces.

Pour finir et pour rendre compte de ce que ce projet d’atmosphère propose, j’ai reconstitué un espace que j’ai entièrement peint. Cela énonce ainsi la possibilité d’être un architecte d’intérieur autrement. Plutôt que de réaliser des espaces, des pleins, des vides, des meubles ;

on essaie simplement de travailler les couleurs, les ambiances et la métamorphose subtile des lieux sans avoir besoin de les déconstruire. on essaie simplement de travailler les couleurs, les ambiances et la métamorphose subtile des lieux sans avoir besoin de les déconstruire.

en transformant ces espaces uniquement par la couleur et par les effets de lumière, emmenant celui qui regarde dans des espaces presque métaphysiques, des trompe-l’œil, en jouant sur le décalage entre vision et réalité.

Ma démarche qui a débuté par une inspiration des ambiances issues de tableaux, de cinéma et de photographie, a lentement glissé du dessin à la réalité, où la réalité est une interprétation du dessin.